Bas-Intyamon: Une nouvelle tête pour Ecosa
La Liberté du 17.02.2024 - L’entreprise de Villars-sous-Mont, spécialisée dans l’aménagement de cuisines depuis 1962, a un nouveau directeur. Il s’agit du Gruérien Marc Fragnière, que l’ancien directeur Raphaël Ecoffey épaulera jusqu’en 2025.
Raphaël Ecoffey est un futur retraité serein. Directeur d’Ecosa depuis 1991, il a trouvé en la personne de Marc Fragnière un repreneur pour l’entreprise d’aménagement de cuisines fondée par son papa à Villars-sous-Mont en 1962. «Les planètes se sont bien alignées. Et avec Marc, ça a matché rapidement», explique l’ancien patron. Au seuil de la soixantaine, il a pris les devants pour trouver un successeur et s’est fait assister dans ses démarches par une entreprise spécialisée.
Par le biais d’un contact commun, il rencontre alors Marc Fragnière. A 38 ans, cet ingénieur bois cherchait justement une entreprise à reprendre pour «voler de ses propres ailes», comme il dit. «J’aurais pu continuer avec des postes de cadre dans de plus grandes entreprises, mais c’était le bon moment pour me lancer», explique celui qui a contribué à l’implantation en Suisse romande de plusieurs sociétés alémaniques. Le Gruérien a trouvé dans l’Intyamon l’opportunité qu’il cherchait: «Une entreprise ni trop grande, ni trop petite, car je ne me voyais pas retourner travailler à l’atelier», précise l’ébéniste de formation, qui estime néanmoins bénéfique de maîtriser son sujet. Son prédécesseur, lui aussi ébéniste, le rejoint: «On sait mieux vendre nos bouts de bois, et le client le ressent.»

Un tiers de femmes
Des «bouts de bois» justement, il en passe dans les locaux d’Ecosa. Au total ce sont 120 à 150 cuisines qui sortent chaque année de l’entreprise qui compte 25 employés, dont quatre apprentis. «Et un tiers de femmes», tient à souligner Marc Fragnière, qui précise qu’elles occupent des postes dans tous les secteurs de l’entreprise. Outre des cuisines, Ecosa réalise aussi d’autres types d’aménagements. Une activité que le nouveau directeur se voit bien développer, «si des opportunités se présentent».
Qu’il s’agisse d’une cuisine, d’un bar ou d’un espace d’accueil – comme celui récemment réalisé pour un office du tourisme – tout est toujours fait sur mesure et sur place. «Quel que soit le client, on démarre toujours d’une page blanche», explique Raphaël Ecoffey. Et de préciser: «On peut tout faire, ou presque!» Dans les coulisses des deux espaces consacrés à l’exposition, la dizaine d’employés des ateliers travaille le bois brut ou semi-transformé. «Nous faisons autant que possible appel à des fournisseurs suisses», souligne Marc Fragnière. Un argument auquel la clientèle actuelle est sensible.
En plus des privés, des entreprises et des architectes comptent parmi les habitués d’Ecosa. Difficile toutefois de fidéliser une clientèle quand on vend des cuisines faites pour durer dans le temps. «Des familles viennent chez nous sur plusieurs générations», souligne Raphaël Ecoffey. De plus, la proximité du Pays-d’Enhaut et des belles résidences secondaires de villages comme Château-d’Œx contribue à ce succès hors des frontières régionales. «Une fois le chalet rénové, certains clients font appel à nous pour leur maison sur la Riviera», illustre Marc Fragnière. «Nous avons aussi fait des cuisines à Genève ou Anzère. Mon papa était même allé en Arabie saoudite!» se souvient Raphaël Ecoffey.
Un des précurseurs
Quant au coût d’un aménagement sur mesure, il faut compter «de 30 000 à 45 000 francs pour un privé qui veut se faire une belle cuisine», indique Raphaël Ecoffey. «Nous avons toutes les gammes de prix, de moins de 20 000 francs pour équiper un appartement à des cuisines très haut de gamme et sans limites de budget», détaille Marc Fragnière. «Nos clients ne viennent pas chez nous pour trouver du bon marché, mais un sérieux et une certaine qualité», résume l’ancien directeur. Une recette qui fait mouche depuis plus de 60 ans. «Quand mon papa a fondé l’entreprise, c’était le début de l’encastrement des appareils. Avant, il n’y avait pas de continuité entre les éléments d’une cuisine», explique Raphaël Ecoffey, qui ajoute qu’Ecosa était parmi les premières à proposer ces aménagements, dans cette vallée connue loin à la ronde pour son industrie du bois.
Quand lui-même entre dans l’entreprise en 1985, les cuisines ne sont encore que des laboratoires. «Puis on a commencé à abattre les murs, les cuisines se sont ouvertes pour devenir le cœur de la maison. Cela a complètement changé la donne», se souvient Raphaël Ecoffey, qui se remémore aussi les coups durs: la crise des années 1990, l’abandon du taux plancher en 2015, le Covid. Mais à chaque fois, Ecosa passe le cap. «Cette année, c’est bien reparti, preuve que les gens continuent de consommer», indique Marc Fragnière, qui ne communique pas le chiffre d’affaires de l’entreprise.
Entre l’ancien et le nouveau patron, une belle complicité semble s’être installée. Si Marc Fragnière est désormais propriétaire de l’entreprise, le binôme travaille main dans la main depuis octobre déjà. Une transition en douceur, qui devrait se poursuivre jusqu’au début 2025. Raphaël Ecoffey prendra alors sa préretraite, tout en restant propriétaire du parc immobilier. «Mais je serai disponible en cas de besoin», ajoute-t-il.