Ecosa change de tête mais pas de philosophie !

Dans l’Intyamon, Ecosa fait partie des meubles. Ou plutôt des cuisines de nombre de ménages. Depuis 1962 en effet, l’entreprise s’est fait connaître dans la vallée et au-delà en accompagnant ses clients dans l’aménagement de leur maison ou de leur appartement.

Soixante-deux ans durant, c’est la famille Ecoffey qui a dirigé cette PME comptant aujourd’hui 25 collaborateurs. D’abord André, le père, puis Raphaël, le fils, dès 1991. En début d’année toutefois, la société familiale de Villars-sous-Mont a vécu une petite révolution. En effet, Raphaël Ecoffey a transmis les rênes à Marc Fragnière (38 ans). L’ébéniste et ingénieur bois de Gumefens a acquis toutes les parts de l’entreprise. Raphaël Ecoffey ne quitte toutefois pas totalement le navire, puisqu’il continuera à travailler à temps partiel jusqu’en 2025. « Le temps de présenter la clientèle à Marc et peut-être de lui apprendre deux ou trois choses grâce à mon expérience », sourit Raphaël Ecoffey.

Le désormais ancien patron et le nouveau venu semblent s’entendre à merveille. « Le courant est bien passé lors de notre première rencontre, confirme le futur retraité. Une bonne relation était importante pour moi. L’entreprise, c’est une chose. Mais l’aspect humain était primordial. Il fallait trouver quelqu’un prêt à reprendre aussi l’âme et le cœur d’une société active depuis longtemps. »

Le bon moment du côté de Marc Fragnière, l’envie d’entreprendre l’a encouragé « à changer de vie ». « J’ai été élevé dans cette optique et j’ai toujours voulu me lancer. À 38 ans, il s’agit du bon moment. » Débarquer dans une société dans laquelle l’ancien patron a grandi, et est toujours présent, peut s’avérer délicat. « Il est clair que je n’allais pas arriver et tout changer. J’ai opté pour un départ en douceur, en observant le fonctionnement. Les collaborateurs connaissent leur travail. Je compte toutefois apporter quelques améliorations. » Une vision que partage Raphaël Ecoffey: « Je suis pratiquement né dans cette entreprise et j’y travaille depuis 1985. Elle a évolué, grandi et s’est modernisée, tout comme l’outil de travail. Mais l’arrivée d’une personne, de la nouvelle génération, lui permettra de sortir de la routine. Je ne vais pas le freiner, mais l’encourager s’il souhaite changer des choses. » Une règle ne va toutefois pas changer : celle de maintenir des produits de qualité. Le kit de survie pour une société active principalement dans l’agencement de cuisines et faisant face à la concurrence étrangère présente depuis les années 1990 environ. « Je tiens toutefois à préciser que, depuis quelques années, les clients renouent avec le swiss made, reprend Marc Fragnière. La nouvelle génération est sensible aux produits locaux. Ce qui pourrait nous aider à l’avenir. » Les innombrables constructions dans la région offrent-elles de belles perspectives ? « Cela dépend de quoi on parle, détaille Raphaël Ecoffey. Nous ne pouvons pas régater lorsqu’il s’agit d’immenses projets, lorsqu’il est demandé de sortir 400 cuisines en même temps. De manière générale, les meubles des appartements locatifs sont moins onéreux que ceux des PPE. Et, en matière de prix, on ne peut rien faire face à la concurrence étrangère et à des entreprises d’Europe de l’Est qui paient leurs employés 5 euros de l’heure. Notre cible, ce sont les promoteurs qui proposent de beaux produits. Sans oublier les privés, provenant de toute la Suisse romande. »

Fabrication sur place Autant de clients que l’entreprise accompagne : « Nous partons toujours d’une feuille blanche et nous fabriquons tout sur place, décrit Raphaël Ecoffey. Environ trois jours de production sont nécessaires.
Entre la première rencontre et la pose, il faut compter entre six et huit semaines. » Depuis ses débuts en tant que patron en 1991 et sa transmission de flambeau, Raphaël Ecoffey a vu son volume d’affaires doubler. Son successeur Marc Fragnière espère poursuivre sur cette lancée, qui a été freinée par la crise sanitaire. « Cette période a été compliquée, admet l’ancien patron. Car de nombreux clients, qui souhaitaient rénover leur cuisine, ont repoussé les travaux. En ces temps d’incertitude, beaucoup ont décidé de freiner leurs dépenses. » Une stabilité a depuis été retrouvée. Ce qui peut permettre à Marc Fragnière d’envisager d’autres perspectives : « Afin de compléter notre activité principale, je souhaiterais que nous nous orientions vers l’agencement. Depuis plusieurs semaines, je rencontre des régies et des architectes pour présenter les valeurs d’Ecosa SA et pour montrer ce que nous sommes capables de faire. » De quoi maintenir le rythme de croisière d’Ecosa, qui fournit entre 120 et 140 cuisines par année. « Je présente à Marc les clients qui me sont fidèles, termine Raphaël Ecoffey. Mais il ne faut pas oublier qu’une cuisine a une durée de vie de quinze à vingt ans. Il faut donc chaque année de nouveaux
acheteurs. Ce qui est notre cas actuellement. »

Texte journal de La Gruyère